«Porte-drapeau, ce serait le plus grand moment de ma carrière
Tony Parker, récemment sélectionné pour le All Star Game NBA, n'oublie pas la question du porte-drapeau de la France aux prochains Jeux Olympiques de Londres. En exclusivité, il nous assure même que cet honneur serait pour lui à hauteur de son premier titre NBA.
Tony, vous avez été sélectionné pour le All Star Game jeudi, comment avez-vous pris cette nouvelle ?
Tony Parker : Je n'étais pas surpris, mais j'étais heureux ! J'étais content pour moi et pour mon équipe, pour continuer la série d'avoir toujours un joueur des Spurs au All Star Game. En plus c'est bien ce que l'on fait, sans Manu (Ginobili). On a joué 21 matches sans lui alors qu'il est quand même une pièce importante de notre équipe, donc je suis très content de faire ma quatrième participation. Surtout que j'étais un peu déçu l'année dernière quand Tim (Duncan), Manu et mes coaches étaient partis et moi j'étais un peu resté derrière. Là, j'y vais en mode solo.
Qu'est-ce qui a permis cette sélection selon vous ?
Tony Parker : Notre classement, les victoires, mes dernières perfs (Ndlr : les Spurs sont sur une série de 6 victoire d'affilée et Tony Parker a marqué 100 points sur les trois derniers matches) et être élu joueur de la semaine, ça aide aussi. Je pense que c'était un tout.
Vous faites partie des vétérans maintenant, vous allez avoir trente ans cette année, certains disaient même que vous alliez aller moins vite…
Tony Parker : Moi, ça me fait toujours rigoler ! Ils me mettent tous avec Manu et Tim. Comme ils ont 36 et 35, ils présument que j'ai le même âge, parce que depuis le début on a toujours été associés. Donc les gens pensent que j'ai le même âge qu'eux. Même un arbitre l'autre jour m'a dit : «En fait, tu n'as que 29 ans», et j'ai dit : «Bah ouais !». Tout le monde me met «old school». Alors que oui, je vais avoir trente ans cette année, mais entre 28 et 32 ans c'est là où tu joues ton meilleur basket. Donc moi, mes meilleures années elles sont devant moi, je ne me sens pas du tout comme un vieux. Je l'ai montré avec l'équipe de France cet été (Ndlr : médaille d'argent à l'Euro) et je le montre là.
Vous êtes aussi candidat déclaré comme porte-drapeau de la France aux Jeux Olympiques de Londres. L'annonce sera faite le 9 juin prochain. Attendez-vous cette échéance avec impatience ?
Tony Parker : Bien sûr, je suis tout cela. Si je suis choisi, ce sera avec un grand honneur que de représenter la France. Cela fait dix ans que je joue en équipe de France et c'est toujours avec une grande fierté quand je représente ses couleurs. J'essaie toujours de bien représenter la France aux Etats-Unis. Quand j'ai gagné mon titre en 2007, j'ai tout de suite sorti le drapeau français. Pour moi, ce serait un grand honneur. Après, il y a d'autres athlètes qui méritent aussi : Teddy Riner et Nikola Karabatic sont de grands sportifs, pour donner des exemples. On verra qui est choisi.
Si c'est vous, sans forcément vous demander un classement, quelle place cela aurait-il dans votre carrière ?
Tony Parker : Ce serait dans mon Top 2 des plus grands moments de ma carrière.
Le numéro reste votre premier titre NBA ?
Tony Parker : Oui, champion NBA. Car j'ai toujours rêvé de cela quand j'étais petit, quand je voulais aller en NBA. Et après, plus j'ai joué avec l'équipe de France, plus je me suis dit : les Jeux Olympiques c'est un gros truc, ce serait génial d'aller aux JO, comme mon idole Jordan à Barcelone, la Dream Team tout ça... Quand je te dis Top 2, c'est à égalité. Tu ne peux pas choisir, franchement. Porter le drapeau, ce serait le plus grand moment de ma carrière. C'est certain. Il n'y a pas photo. Ce serait un truc de malade.
Pour le basket aussi ce serait important, un sport jamais honoré par ce symbole en France…
Tony Parker : Ce serait la première fois. Ce serait symbolique et ce serait sympa pour notre sport. Et puis c'est dur de se qualifier dans notre sport en plus pour les JO ! (rires). Donc ce serait sympa, c'est sûr.
Pouvez-vous expliquer pourquoi c'est si difficile ?
Tony Parker : C'est très dur de se qualifier parce que la compétition est très rude ! Il n'y a que douze équipes, et seulement trois équipes européennes qualifiées pour les JO. Et toutes les meilleures équipes sont en Europe ! Bon, il y a les États-Unis et l'Argentine. Mais après, toutes les meilleures équipes sont en Europe.
Etes-vous frustré de n'avoir jamais participé aux JO ? On sent chez vous la même rage de vaincre que celle connue avant de gagner cette médaille avec les Bleus à l'Euro l'été dernier, qui a d'ailleurs permis cette qualification …
Tony Parker : Ah oui c'est clair ! Car j'ai envie d'aller au plus haut niveau possible avec l'équipe de France de basket, et si tu veux aller au plus haut niveau possible avec elle, il faut être aux JO ! Donc c'est pour cela que c'était devenu une obsession et une grosse motivation, car j'ai tout gagné aux États-Unis et j'ai envie de faire quelque chose aux JO. Je ne pouvais pas faire une carrière et ne pas aller aux Jeux Olympiques. Cela aurait été dommage.
Comment s'est motivée cette décision de vous porter candidat pour le porte-drapeau ?
Tony Parker : En fait quand j'ai annoncé cela, je n'ai pas pensé à tous les à-côtés. Je me suis juste dit que ça serait sympa, parce que cela fait longtemps que je joue pour l'équipe de France et j'en avais parlé avec Manu Ginobili (Ndlr : qui a porté le drapeau avec l'Argentine). Il m'a dit que c'était un des plus grands moments de sa carrière. Et moi j'ai fait : «C'est vrai quand même que porter le drapeau ça serait un des, un des…» comme je t'ai dit, le plus grand moment de ma carrière. Et c'est pour cela que dans l'excitation (Ndlr : après la médaille à l'Euro), j'ai dit que j'aimerai bien le faire. Après, je ne savais pas qu'il y avait tout un processus, je n'imaginais pas ça. J'ai dit cela, ça venait du fond du cœur, c'est sorti comme ça.
Forcément cela amène aussi les critiques, par exemple ceux qui disent que vous ne vivez pas en France…
Tony Parker : Oui, je sais. Mais ça, qu'est-ce que tu veux, je n'ai rien à répondre sur cela. En basket, le meilleur championnat du monde est aux États-Unis, donc on va jouer aux États-Unis. Je pense que personne ne disait rien à Zidane quand il allait jouer en Espagne. Après, moi, je suis français, j'ai grandi en France… Tu demandes à n'importe quel Américain ici, il te dira Tony Parker il est français. Tim Duncan m'appelle toujours «Frenchy». Si les gens me voyaient dans ma vie ici, tout le monde m'appelle Frenchy ! Quand j'ai gagné le titre NBA en 2007 et que j'ai été élu meilleur joueur des Finales, le premier truc que j'ai fait, c'est prendre le drapeau français, je l'ai avec moi sur les images. Tous les étés, je suis en France, moi. Trois mois par an je suis en France, avec l'équipe de France et après je reste en vacances. Ma mère habite en France. Mes amis sont français… Je suis srançais ! J'ai appris le basket en France, j'ai fait l'INSEP en France…
Il est dit aussi que, n'ayant jamais fait les Jeux Olympiques, vous êtes un candidat qui ne représente pas forcément «l'esprit olympique». Qu'en pensez-vous ?
Tony Parker : Là aussi, quelque part, je ne peux rien dire de plus. Tout ce que je peux dire, c'est que cela fait onze ans que je joue en équipe de France, et que je ferai n'importe quoi pour l'équipe de France. Pour ceux qui en doutent, il suffit de regarder ma carrière et tout ce que j'ai fait pour l'équipe de France et mon investissement en France, pour le sport français. Tous les dîners de gala que je fais en France pour les enfants. J'ai joué en France, j'ai investi dans un club en France, avec l'ASVEL. C'est vrai que cela n'a rien à voir avec les JO, mais ça prouve quand même que j'ai fait beaucoup pour la France. Je comprends la critique, mais si vous me choisissez moi, je ferai tout pour être le meilleur leader possible et super bien représenter la France, ça c'est sûr.
Propos recueillis par Antoine Bancharel, notre correspondant à New York
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